La rivière de Pont l’ Abbé, qui n’a d’ autre nom que celui-ci, est une petite rivière de 25 km qui prend sa source du côté de Plogastel St Germain et arrose le haut pays bigouden. En amont de Pont l’ Abbé un barrage a été construit en 1976 afin de créer une réserve permettant l’alimentation en eau de plusieurs communes bigoudènes. L’ initiateur du projet était le Dr Bénard, maire à cette époque. Du coup les bigoudens ont toujours appelé cette réserve «Toul dour Bénard». En réalité il s’agit du plan d’ eau du Moulin Neuf. Il est devenu un lieu très agréable de promenade et de pêche dont on peut faire le tour sur 7,5 km et apercevoir de nombreuses espèces d’ oiseaux. En aval de Pont l’ Abbé la rivière devient un aber qui débouche sur la mer entre Loctudy et l’ Ile Tudy. La vasière, qui fait partie du domaine maritime, est une zone d’ intérêt écologique et faunistique. C’ est un lieu d’ hivernage pour de nombreux oiseaux: canards, tadornes, oiseaux limicoles, grands échassiers. Plusieurs îles reliées au continent par des ponts occupent cette ria: îles Chevalier, Garo, Quilfen, île aux rats. Quelques élevages ostréicoles y sont installés. L’ Ile Tudy et l’ île Chevalier sont des hauts lieux de la pêche aux palourdes, praires, coques. On note également l’ existence du GR 34 qui suit la rivière et poursuit son chemin vers les côtes sud de bigoudenie. Quelques particularités intéressantes de cette rivière :
– Le chemin du halage: long de 2 km et construit sur la rive droite à partir de 1850, il permettait de remonter les voiliers marchands jusqu’ à Pont l’ Abbé. Les bateaux étaient pris en charge par une équipe d’ une dizaine de haleurs qui, à la force des bras, les remontaient jusqu’ au port en deux heures environ. Ceux-ci transportaient principalement du charbon, du bois, du sel ou du vin et repartaient avec des légumes et de la pomme de terre chargés a dos de femmes dans les cales des navires.
– La digue de Rosquerno: construite au bout du halage, elle permettait d’ amarrer les bateaux en attente d’être remorqués par les haleurs.
– La maison blanche: construite vers 1850 pour héberger le gardien des parcs à huîtres, elle sera ensuite transformée en estaminet où les haleurs et les équipages venaient s’abreuver. Cette maison, fermée en 1930, était peinte à la chaux blanche (d’où son nom) afin de servir d’amer à la navigation.
– Le menhir de Penglaouic: son nom viendrait de pen (tête) et laou (poux) soit «la tête à poux». Ce menhir est classé aux monuments historiques. Il mesure 4m de haut et peut être à moitié immergé à marée haute. Il marque la limite entre les communes de Loctudy et Pont l’ Abbé.
– Le château du Dourdy: construit dans un parc de 22 ha sur la commune de Loctudy par Gustave Maussion qui a fait fortune en Argentine. C’est un des plus beaux patrimoines du Finistère. Il sert tour a tour d’hôpital militaire durant la grande guerre, de refuge pour les réfugiés espagnols en 1939, de résidence d’ occupation pour les Allemands à partir de 1940. Puis en 1945 c’est la Marine Nationale qui y délocalise de Brest l’ école de maistrance et l’ école des mousses jusqu’ en 1960. Par la suite racheté par la CAF, le domaine deviendra village de vacances.
Souvenir, souvenir:
Pensionnaire au lycée de Pont l’Abbé en début des années 60, le halage était l’une de nos sorties dominicales du jeudi après-midi. Au retour à l’ internat, si nous étions avec un «pion» sympa, il nous autorisait l’achat de bonbons dans une épicerie .