Mardi 9 mai 2023
86 personnes représentant les quatre départements bretons se retrouvent à Mûr de Bretagne pour une journée conviviale organisée cette année par le Morbihan. Quelques gouttes de pluie au moment du repas ne gêneront en rien le déroulé de cette journée. Après le café de bienvenue, deux groupes se forment. Celui des joueurs de pétanque conduit par Maurice Guyader en charge de l’organisation du tournoi, et l’autre groupe conduit par Christiane Moreau avec pour destination la Maison des Toiles à Saint Thélo.
La Maison des Toiles: Située au cœur d’une demeure de marchand de toiles du 18ème siècle, la Maison des Toiles est le premier site breton à aborder l’âge d’or de la Bretagne textile et à présenter le lin aujourd’hui.
Pendant deux siècles (17ème et 18ème siècle), l’activité textile a fait vivre 35 000 personnes et laissé son empreinte dans l’architecture et le paysage du Centre Bretagne.
Au cours de notre visite commentée nous découvrons les multiples étapes du traitement du lin que représentent le semis, l’arrachage (fait à la main), l’égrenage, le rouissage, le teillage, le peignage, le filage, le blanchiment et le tissage (cf. Google pour plus de détails).
Ces tâches sont réalisées, sur un espace rural dispersé, par des familles paysannes pour lesquelles ces activités représentent un complément de revenu. Chaque tisserand avait un métier à tisser. Il est à noter que les graines étaient importées de Lituanie et semées sur des terres limoneuses de la côte nord de la Bretagne. Le lin cultivé dans le Trégor était transporté dans les pays de Quintin ou d’Uzel pour subir les opérations qui permettaient d’en faire les toiles appelées « Bretagnes ».
Les Toiles Bretagnes, toiles de lin de luxe mondialement connues, étaient tissées à Saint Thélo, Uzel, et Quintin au cœur de la Manufacture rurale des « Bretagnes ». Elles étaient exportées via Saint Malo vers Cadix et prenaient ensuite la direction des colonies espagnoles de l’Amérique Latine semant de véritables fortunes sur leur passage.
Pour l’exportation les ballots de toiles étaient contrôlés et tamponnés dans des « bureaux de marque » installés dans les ports autorisés à exporter. Le processus de fabrication était régi par des règlements établis par le Conseil du Roi dans des cahiers des charges précis.
Les marchands du pays se sont enrichis en achetant les toiles aux tisserands, ce qui leur permit de construire de superbes demeures (signe extérieur de richesse) que nous voyons aujourd’hui dans les bourgs et villages entre Loudéac et Quintin.
Dès la fin du 18ème siècle s’amorce la fin de ce système économique: technique archaïque, un seul marché latino-américain, augmentation des tarifs douaniers espagnols, blocage maritime pendant la révolution et les guerres napoléoniennes. Cette crise provoque la misère, le chômage, la perte d’un savoir faire et l’exode vers les villes.
En 1872 une renaissance artisanale est engagée par trois patrons et maîtres tisserands d’Uzel: Léauté-Planeix.
Faisant preuve d’innovations techniques pour contrer la concurrence des textiles industriels, les ateliers de tissage sont toujours restés fidèles à la fabrication de véritables toiles anciennes. Ils se sont aussi tournés vers le monde de la création artisanale et artistique avec des artistes telle que Jeanne Malivel du mouvement « Ar Seiz Breur » dont faisait aussi partie François Planeix.
Aujourd’hui le lin refleurit à nouveau en Bretagne mais la culture est désormais réservée au lin oléagineux et un autre domaine semble prometteur: l’introduction de la fibre de lin dans la construction navale et automobile.
Du linceul dont on recouvrait hier les défunts, aux acides gras linoléiques recherchés aujourd’hui dans les produits riches en Oméga 3, les vertus du lin n’ont pas fini de nous étonner !
Notre visite se termine par la présentation de l’extrême variété des usages du lin: textile, alimentaire, cosmétique.
Il est temps maintenant de rejoindre les joueurs de pétanque pour partager un repas convivial.
L’après-midi, pendant que le concours de pétanque se poursuit, nous partons pour la croisière sur le lac de Guerlédan. Ce lac artificiel (longueur: 10km, superficie: 4km2) marque en partie la limite entre le Morbihan et les côtes d’Armor. Bien que ses rives soient aménagées, il garde un aspect naturel et sauvage et fait le bonheur des kayakistes et pêcheurs de poissons d’eau douce (brochet, sandre, perche et silure).
Après cette paisible croisière d’1h30, l’heure est venue de nous rassembler au centre de vacances pour la remise des coupes.
Maurice Guyader, organisateur de ce concours de pétanque, a dû faire face à quelques désistements en cours de compétition, ce qui a perturbé le bon déroulement. Mais Maurice a géré la situation comme un « chef » et l’ambiance est restée excellente.
Les résultats:
Les premiers se sont vus remettre une coupe et le Morbihan a remporté la coupe du département le plus représenté à cette journée régionale avec 26 participants.
Nous nous séparons heureux de cette journée de rencontres et découvertes.