Sénégal

du 3 au 10 avril 2024

JOUR 1 NANTES KEUR SALIM mercredi 3 avril

Après des retrouvailles à l’aéroport de Nantes Atlantique nous quittons la grisaille à 8h45 pour notre destination le Sénégal. Environ 5h de vol et nous voilà à destination.
Vu du ciel par le hublot une mosaïque de terre ocre jaune à ocre rouge s’offre à nos yeux. Un soleil éclatant et une température de 30° nous accueille. Après les formalités, douane, contrôle, nous attendons le bus qui tarde pour nous amener à notre première destination Keur Salim au lac Rose. Le trajet prévu de 45mn nous permet de faire connaissance avec la notion du temps sénégalaise qui n’est pas la nôtre. Nous le constaterons durant les jours à suivre !!! Pendant la route nous faisons connaissance avec Ibrahim notre guide et Bernard notre chauffeur pour le séjour.
Ibrahim nous présente son pays et ses difficultés. L’ emblème végétal est le baobab et l’ emblème animal le lion. Le long de la route beaucoup de maisons inachevées nous laissent une impression de désolation. Par manque de matériels et de moyens les constructions s’étalent dans le temps… Un peu de vert sur une zone maraichère nous surprend dans le paysage très sec que nous traversons. Afin de couper le trajet qui dure plus longtemps que prévu…Ibrahim nous offre de l’eau et nous fait gouter les arachides, la spécialité du pays. Enfin vers 17h nous arrivons à Keur Salim en bordure du lac Rose pour un déjeuner tardif. A peine installés Ibrahim nous propose une activité prévue le lendemain matin. Nous partons illico pour une expédition en 4/4, 6/6, 8/8 et 16/16 sur les dunes qui bordent la plage toute proche. Dans une ambiance de rallye Paris Dakar nous sommes secoués dans les montées et descentes. Un chauffeur plus téméraire tente de monter une dune sur un parcours non tracé et reste ensablé. Le groupe s’arrête et tous les chauffeurs viennent à la rescousse. Après de laborieuses tentatives, un dégonflage des pneus et une marche arrière ouf ! nous pouvons repartir en logeant la plage, l’océan Atlantique et ses rouleaux. Après toutes ses émotions nous disposons d’un peu de temps pour nous reposer de cette journée bien chargée avant le dîner et notre première nuit en Afrique. Cependant les deux plus jeunes du groupe Flavien et Michel repartent pour une virée en quad sur les dunes en quête de plus de sensations !


Jour 2 départ pour SAINT LOUIS jeudi 4 avril

La journée débute par un temps d’informations pratiques , le change, le marchandage et le programme de la semaine. En conclusion Ibrahim nous invite à oublier nos habitudes, nous suggère de passer à l’heure sénégalaise et tout ira bien !
Nous embarquons ensuite pour une promenade sur le Lac Rose et après de nombreuses manœuvres nous nous rassemblons au milieu du lac pour une information sur le site par le conservateur. En avant-première il nous donne sa définition des bretons : tête de bois mais généreux par le cœur. Puis les choses sérieuses : en ce moment la densité du sel 280g/l est trop faible. Le lac est donc déversé dans l’océan tout proche pour récupérer sa densité normale de 380g/l pour l’exploitation. L’action des algues, du soleil, de l’argile noire et blanche lui donne sa coloration rose que nous ne pouvons de ce ne fait pas voir aujourd’hui. Sa profondeur d’1m50 permet son exploitation manuelle. La production est de 24 000 tonnes par an pour la fleur de sel que nous voyons sur la rive, le sel de cuisson et le sel thérapeutique. Les travailleurs se protègent le corps avec du beurre de karité avant d’aller racler le sel avec une pelle pour le déverser dans une barque qui peut en contenir une tonne. L’exploitation est gratuite et sans taxes. Les femmes ne ramassent plus le sel aujourd’hui mais vident les barques avec des bassines de 30kg. Le lac où la vie n’est pas possible à cause de sa teneur en sel est exploité toute l’année sauf pendant la saison des pluies où la concentration de sel est moindre. La grande sécheresse de 1960/1970 a fait avancer les dunes et l’a coupé d’un accès à la mer. Après ces explications nous regagnons la rive pour un débarquement sportif. Un passage obligé par les boutiques nous attend pour atteindre le bus. Pendant ce temps 3 volontaires en profitent pour se baigner dans le lac : sensation d’apesanteur garantie et travail des abdominaux pour garder la position. Un rinçage épique mais nécessaire les attend après ce bain. Puis nous allons voir le site d’exploitation du sel en bordure du lac : les barques, les paniers les pelles et les montagnes de sel. En quittant le site Ibrahim nous indique le podium d’arrivée du Paris Dakar, un monticule de terre rouge désormais abandonné. Nous prenons la direction du restaurant par des route bordées de déchets, de plastiques, de fabriques de parpaings, de pneus qui ont beaucoup d’utilisation : bordures diverses, rond-point, clôtures, délimitations…Des marchés s’étalent également en bord de routes, marchandises diverses, alimentation, meubles ( lits, salons). Des rassemblements de carrioles avec des chevaux, des taxis brousses officiels ou non attendent des clients potentiels. Peu de végétation, seulement quelques baobabs et quelques troupeaux de vaches rompent la monotonie du trajet avant d’arriver à Thiès. Nous passons devant la place de France et l’hôtel de ville pour arriver au restaurant vers 15h pour le déjeuner. Au menu nous dégustons le poulet yassa deuxième spécialité sénégalaise mais pas de dégustation de thé à la menthe comme prévu. Après cette halte fort appréciée nous reprenons la route pour Saint Louis. La végétation change. Des plantations de palmiers rôniers utilisés pour du mobilier de jardin bordent la route. Nous passons par Tivouane où les confréries religieuses sont importantes et exercent une forte influence. Un arrêt à Mekhé pour le travail du cuir fait principalement plaisir aux messieurs car hélas à notre grand regret il y a peu de modèles féminins. Après cette halte shopping nous reprenons la route avec du bétail en liberté : vaches, chèvres, moutons, ânes. Quelques acacias meublent le paysage et nous croisons une voiture transportant 2 moutons sur le toit ! Nous sommes arrêtés par la gendarmerie pour la prise d’une photo du bus d’un gendarme en uniforme par l’une d’entre nous en passant devant un site gardé. Après vérification des autorités de l’effacement de la photo sur le téléphone nous pouvons repartir.
Ibrahim nous recommande pour la suite du voyage d’éviter les photos de personnes en uniforme et des sites sensibles. Après une petite pause à Louga où nous remarquons les premiers panneaux solaires nous arrivons de nuit à Saint Louis où règne une intense circulation, une grande activité à la suite de la rupture du jeune du ramadan après 19h30. Nous traversons le grand bras et le petit bras du fleuve. Et c’est la traversée du quartier des pêcheurs avec une forte activité. Les rues adjacentes sont à notre grand étonnement remplies de troupeaux de moutons. En arrivant à l’hôtel Diamarek chacun et chacune s’installent et nous nous retrouvons pour un dîner en extérieur.


Jour 3 visite SAINT LOUIS vendredi 5 avril

Etant arrivés de nuit au matin nous découvrons l’environnement de l’hôtel au bout de La Langue de Barbarie. Certains d’entre nous ont été réveillés très tôt par l’appel à la prière et d’autres ont été bercés par le bruit des vagues de l’océan tout proche. Le programme du matin est la visite de saint Louis en calèche. Le bus nous ramène en ville en passant devant l’hydrobase où atterrissait Mermoz, la base marine, vigilante pour l’immigration clandestine , le port de pêche en préparation des filets, le cimetière militaire des Tirailleurs sénégalais et le cimetière musulman. Puis nous traversons le quartier des pêcheurs ( environ 12 000 partent vers la Mauritanie) avec son ambiance et son animation très particulière : poissons, moutons et humains occupent les trottoirs, bruits, couleurs, odeurs garanties !!! Les calèches nous attendent pour découvrir la ville, son atmosphère et son cachet . Changement de décor en passant devant le palais du gouverneur qui date de 1659 et l’architecture du 18 ème du quartier des colons, nous retrouvons une ambiance plus propre, ordonnée et calme. Les maisons avaient un code couleur suivant la nationalité des colons: ocre jaune pour les Anglais, ocre rouge pour les Portugais, et blanc pour les Français. Les bâtiments administratifs ont conservé cette couleur. Les briques rouges venaient par bateau de Toulouse et les tuiles de Marseille à l’aller et le bateau faisait retour avec des marchandises diverses. Nous passons devant l’hôpital, la maison des combattants français et sénégalais et une jolie maison coloniale. Nous faisons un arrêt à la pointe sud de l’île à l’endroit de la réunification des deux bras du fleuve qui se jettent dans la mer. Nous profitons de la vue sur le magnifique pont Faidherbe construit en 1897 sur les plans d’Eiffel. Le pont dispose d’une travée mobile (la deuxième) pour faire passer les bateaux de l’océan au fleuve. Il comporte 7 arches qui portent le nom de chaque jour de la semaine. Nous passons devant de nombreux bâtiments administratifs, musée, trésor public douanes, cathédrale, école, la maison de Pierre Loti, l’ hôtel de la poste où résidait Mermoz et de nombreuses galeries d’art. Nous faisons un arrêt devant la statue d’un champion de boxe « Battling Siki » assassiné à New York en 1925 pour avoir remporté un combat qu’il ne devait pas gagner. La grande mosquée datant de 1825 attire le regard avec son minaret carré et sa cloche qui a fonctionné pour l’appel à la prière jusqu’en 1960. A l’extrémité nord de l’île à la division du fleuve s’élève la grue à vapeur arrivée en pièces détachées de France et montée en 1883 par deux militaires dont les noms sont gravés dessus.
Le choix en 1898 de Dakar pour un port en eau profonde a fait diminuer l’importance du trafic des marchandises. Cependant elle est restée en activité jusqu’en 1954. Au détour d’une rue nous voyons un fromager. Son fruit donne le Kapok pour la confection des coussins et oreillers et son bois servait à faire les baraques en bois des cheminots portugais qui suivaient les chantiers. Après cette promenade fort reposante nous traversons le pont Faidherbe pour aller visiter le marché aux épices.
Un marché pas vraiment aux épices car tout se mélange, vêtements, poissons, viandes, vaisselles et diverses choses (odeurs garanties) dans un désordre incroyable et une foule compacte où il est difficile de se frayer un chemin et surtout de ne pas se perdre. Tous les stands s’entremêlent dans un capharnaüm indescriptible. Pour plus de facilité et de sécurité le groupe a été scindé en deux avec une personne pour fermer la marche. Après cette visite incroyable nous retraversons le pont pour rejoindre le restaurant afin d’y déjeuner à 14h30. Un plat typique de poisson, un curry ou du zébu nous sont proposés. Après cette pause appréciée nous reprenons le bus et nous faisons un arrêt au village artisanal de Saint Louis où nous attendent divers objets, sculptures et bijoux. Nous n’aurons pas vu hélas le marché Sor et la superbe architecture de la gare. Nous rentrons plus tôt que d’habitude mais la météo se couvrant il n’est pas possible de se baigner.
Néanmoins nous pouvons nous promener sur la grande plage toute proche en déplorant la présence de plastiques et déchets divers tout en attendant le repas de fruits de mer du soir. Mais à notre grande déception celui-ci n’a pu se faire.


Jour 4 PARC NATIONAL DES OISEAUX samedi 6 avril

Nous partons à 7 h pour la réserve des oiseaux du Djoud. Les enfants dont certains très jeunes sont déjà dans la rue désœuvrés. L’activité démarre au village des pêcheurs et les moutons errent un peu partout. Sur la route le paysage est un peu plus vert et des cultures maraichères sont présentes. Nous avons toujours la même sensation de désolation et d’abandon devant les constructions de maisons en devenir et les terrains vides et clos. Après environ 2 h de route nous quittons le bitume pour 20km de piste. Les vitres du bus sont fermées pour éviter la pénétration de la poussière. Des massifs de tamaris bordent les côtés du tracé de la piste. La terre est rouge et des périmètres rizicole et de cultures d’oignons s’étendent. La Compagnie agricole de Saint Louis gère cette zone où vit un village Peulh qui pratique l’agriculture et l’élevage. Sur les canaux poussent des Tifa (roseaux).
Enrobés de feuilles de palmiers rôniers ils servent à faire des nattes, des plafonds, des toits de huttes ou de cases. C’est l’activité principale du village de Djoudj. Une petite halte méritée au poste de commandement pour notre chauffeur Bernard après environ 1h de trajet nous permet de déguster de la noix de coco et déjà les canards siffleurs et les flamants roses sont présents à proximité. Nous reprenons le bus pour arriver à l’embarcadère en passant devant la station biologiste fréquentée par des chercheurs. Dans ce paysage dénudé des phacochères et des singes s’enfuient sur les bas-côtés. Nous embarquons pour une promenade de 7km dans cette réserve de 16 000 hectares où se côtoient canards, aigrettes garzette, aigrettes ardoisée, canard à bosse, oie de gambie, spatule européenne et africaine, cormorans, ibis sacré, pélicans blancs et gris. Deux aigles pêcheurs observent ce petit monde perchés dans un arbre. les pélicans peuvent atteindre une envergure de 1,50m à 2m. Ils pêchent en groupe et sont parfaitement synchronisés pour plonger le bec à le recherche de nourriture. Le lac d’une profondeur de 1m à 1,50m leur offre poisson chat, carpes et autres poissons d’eau douce. Ils prennent leur envol genre « Tupolev » et atterrissent façon « hydroglisseur ». Sur les rives dans la végétation de tamaris et tifa se promènent des familles de phacochères et des vaches broutent.
Un vol de graviers chevelus nous survole . Une fois posé au sol les ailes repliés ils sont en mode camouflage et invisibles dans la végétation. Après plusieurs méandres nous arrivons à l’île des pélicans. Les blancs et gris s’entremêlent. Un chacal les observe sachant que l’heure de son déjeuner approche. Tout à coup il s’élance et le groupe de pélicans s’enfuit sauf certainement un plus jeune que le chacal parvient à attraper. C’est leur prédateur principal et d’une certaine façon il régule cette population. Les pélicans blancs posent leurs œufs à terre tandis que les gris nichent dans les arbres. Ils pondent en général 2 à 3 œufs en novembre pour une éclosion en décembre. Après 2 à 3 mois de nourrissage ils sont indépendants. Au mois de juin la réserve devient sèche et permet le nettoyage des plantes invasives. Sur le chemin du retour nous passons au milieu d’un repas de pélicans parfaitement synchronisés. Un de nos deux bateau s’arrêtent brusquement. Ils nous font du stop et nous les invitons à renter à la nage. Mais la présence éventuelle de crocodiles est dissuasive ! Une fois les algues enlevées autour de l’hélice tout le monde rentre à bon port émerveillés par les ballets aériens offerts pendant cette promenade. Un vol de canard nous raccompagne jusqu’à l’embarcadère. Et nous reprenons le chemin du retour. Après les 20km de piste nous applaudissons Bernard pour sa virtuosité à conduire le bus sur un terrain aussi difficile. Nous revenons pour un déjeuner encore plus tardif que d’habitude à Saint Louis. Et c’est le retour à l’hôtel en repassant par le village des pêcheurs où il règne une intense activité de débarquement de la pêche dans les carrioles, caisses en plastique. Quelques camions distribuent de la glace .
Tout cela se fait dans des conditions très lointaines de nos normes d’hygiène et de sécurité alimentaire. Un peu plus loin certains sont affairés à réparer les filets. Nous n’avons pas eu le temps de passer au village traditionnel Lebou de Guet Ndar. Après le dîner un spectacle folklorique nous fait découvrir les rythmes musicaux et la danse.


JOUR 7 LOMPOUL dimanche 7 avril

La destination du jour est le désert de Lompoul où nous allons passer la nuit. La route est toujours bordée de constructions inachevées. Un garage en plein air nous laisse perplexe. Des palétuviers, tamaris, cactus et palmiers forment une végétation différente. Quelques singes et des chèvres animent le paysage. Le sol se modifie et devient du sable. Des cultures maraichères d’oignons, de choux et carottes alimentent le marché de Saint Louis. Pour couper le voyage une dégustation de bananes nous est offerte. Dans notre programme il était prévu de visiter une école pour y déposer des fournitures ramenées de France. Cela n’étant pas possible car nous sommes dimanche. Ibrahim nous propose de visiter un village sur la route.
Nous faisons donc une cagnotte dans le bus afin de pouvoir offrir un présent au village en remerciement de notre visite. Sur les conseils d’Ibrahim il est préférable de leur acheter des denrées plutôt que de donner de l’argent. Nous faisons donc un arrêt dans une épicerie au bord de la route et faisons nos emplettes pour le plus grand bonheur du commerçant qui voit son chiffre d’affaires augmenter : 1 sac de 50kg de riz, 3 grands sacs de biscuits, 9kg de sucre, 18 savons, 2 grands paquets de pâtes, du thé et des bonbons pour les enfants. Cela représente la moitié de la cagnotte et il est décidé d’acheter avec le reste des fournitures pour une école dans les jours qui suivent. Nos courses chargés dans le bus nous reprenons la route en remarquant des beaux troupeaux de vaches qui nous paraissent plus grosses que celles que nous avons vues les jours précédents. Moins de plastiques également jonchent le sol, seulement à proximité des maisons. Un village facile d’accès ne nous apparait pas trop loin de la route. Une fois le bus bien garé sur le bas-côté nous allons à la rencontre de ces habitants accueillis par les enfants. Le puit un peu à l’écart leur apporte une autonomie en eau. Michel s’exerce à remonter le seau et tire environ 40m de corde. Nous approchons des habitations et le chef du village vient à notre rencontre. Il est l’aîné de la famille et a 70 ans. Son frère un peu plus jeune échange avec Ibrahim qui traduit les questions et réponses. 70 personnes de la même famille au sens large y vivent. Ce village porte le nom de For Diok Mady, le patronyme de l’ancêtre qui l’a créé. Le chef nous autorise à le visiter y compris sa chambre qu’il partage avec ses deux épouses. Les femmes et les enfants sont présents et un salon de coiffure est improvisé à l’ombre d’un arbre pour faire des tresses. Les hommes sont occupés à l’extérieur pour l’agriculture et l’élevage. Le village possède un troupeau d’environ 70 bêtes que par superstition on ne compte pas. Des oignons, des pommes de terre et des piments sont cultivés pour le marché hebdomadaire et des arachides, du mil et du sorgho pour leur consommation. L’école se trouve à 3 km pour les enfants. Pendant que nous découvrons la basse- cour, les moutons, le cheval quelques personnes vont au bus et reviennent chargés des courses que nous avons faites et nous les offrons au chef qui nous remercie très ému de notre générosité. Son souhait serait aussi que le village possède quelques panneaux solaires. Cette visite à mille lieues de nos vies nous a beaucoup touché et nous reprenons la route. Les premières dunes se forment plantées d’eucalyptus pour les fixer et quelques dromadaires roulent leurs bosses. C’est l’arrivée au village de Lompoul où des pickups nous attendent pour nous emmener à l’écolodge à travers les dunes. Les bosses sont comprises dans le trajet !!! Le déjeuner, un délicieux repas de poisson nous est servi sous la tente toujours vers 15h et nous découvrons nos hébergements respectifs. Une balade à dos de dromadaire nous est proposée.
Mais seulement 4 bêtes font le trajet ce qui génère un temps d’attente important.
Cela ne sera malheureusement pas possible pour tout le groupe. Certains font du quad, des descentes de dunes sur une planche, se promènent tout simplement dans ce paysage déroutant en imaginant les difficultés pour y vivre. Le soir tombe et la fraicheur s’installe. La musique et la danse débute la soirée avant de déguster un couscous et un thé à la menthe. Un feu de camp éclaire la nuit et nous regagnons nos tentes pour cette nuit dans le désert bercés par le vent et le bruit de la mer. A cette journée il nous a manqué l’apéritif sous le baobab, l’initiation au thé à la menthe et au djembé.


Jour 6 SINE SALOUM lundi 8 avril

Après cette nuit dans le désert et un petit déjeuner matinal à 6h c’est le retour avec un unique pickup pour nous ramener par la piste à Lompoul afin de retrouver notre bus. De ce fait après plusieurs navettes nous partons à 8h20 pour la destination du jour Siné Saloum. Nous avons devant nous plusieurs heures de trajet pendant lesquelles Ibrahim nous parle du baobab, l’arbre sacré du Sénégal. Il servait de sépulture aux griots qui par superstition ne devaient pas être enterrés dans la terre qu’ils ne travaillaient pas. C’étaient donc les cimetières des corps momifiés de ceux- ci. Cette pratique considérée comme discriminatoire a été abolie en 1960.
Coïncidence il s’en est suivi une période de sécheresse qui a duré 10ans ! Les griots étaient considérés comme des sacs à paroles, les mémoires à paroles. Et l’on disait qu’un griot mort équivalait à une bibliothèque qui brûle. En cours de route nous nous faisons arrêtés par la douane pour un contrôle de la soute du bus.
L’incident clos, nous repartons et Ibrahim nous parle des pratiques religieuses du pays où toutes les religions et les écoles se côtoient : école publique, coranique et arabe. L’éducation est collective, par la famille, les voisins et le maitre d’école. Les rites initiatiques varient selon les ethnies. Le rite de circoncision se fait à l’âge de 10ans et est suivi d’1 mois d’initiation. Cela est toujours d’actualité durant le mois de septembre pour les garçons de 10ans. Mais aujourd’hui les circoncisions se pratiquent plus tôt et en milieu hospitalier. Nous faisons un premier arrêt pour récupérer des chaussures commandées jeudi dernier lors de notre passage. Un boucher de plein air officie juste devant notre bus sur le bord de la route qui est toujours bordée de marchés alimentaires et divers choses. Un marché important de bétail se tient en prévision de la fête de l’Aid, la fin du ramadan le lendemain 9 avril.
Nous faisons une pause shopping au marché de la vannerie. Après de multiples achats nous repartons en direction de Thiès où nous faisons un petit arrêt devant la mosquée d’une couleur inhabituelle, blanche et grise. Avant de prendre l’autoroute construite par les Chinois nous faisons un arrêt dans une station-service où nous avons la surprise de trouver des chips de la marque que nous connaissons bien Brets. Au loin une cimenterie fume. Elles sont 3 dans le pays et fournissent les pays voisins. En quittant l’autoroute Ibrahim nous parle de la végétation qui nous entoure et qui est utilisée pour la pharmacie : l’acacia dont les feuilles sont bouillies pour la peau, le tamarin, le gingembre, le Ditakh riche en fer, le Nima qui vient de l’Inde pour les migraines. Nous passons devant un village chrétien , les Sérères qui vivent en communauté. Et enfin après toutes ces heures de trajet nous arrivons à Ndangane à 15h pour le déjeuner au bord de l’eau. Environ 16h30 les pirogues nous attendent pour la découverte du Saloum, un repaire naturel d’oiseaux migrateurs, aigrettes, ibis, cormorans pélicans…. Deux cents petites îles dont une centaine habitées font partie de cet environnement. Un système de pirogues avec des horaires bien réglés assurent l’approvisionnement de ces îles. Des palétuviers poussant en eau salée nous entourent et forment la mangrove. Un baobab y vit sur une minuscule île formée de coquillages d’huitres. Aujourd’hui après une campagne de sensibilisation la mangrove n’est plus exploitée mais protégée. Nous atteignons une zone où l’on replante mais il faut 25 ans pour que les palétuviers atteignent leur taille adulte. C’est donc un travail de longue haleine pour la préservation de ce réservoir à carbone d’une taille de 250 000 hectares. La pêche artisanale et sportive y est pratiquée ainsi que la pêche à la crevette. Nous apercevons sur la rive le château d’un narco trafiquant colombien qui investit dans ce secteur de la crevette. Nous restons sur les grands bras de mer et par manque de temps nous n’allons pas dans le bolongs, les petits sentiers d’eau. Nous quittons la mangrove, sa sérénité et son silence. Sur le petit trajet à pied pour rejoindre le bus nous voyons un bel Anacardier avec son beau feuillage. Son fruit est la fameuse noix de cajou proposé sur le bord de la route par de multiples petites mains. Un nouveau contrôle de gendarmerie provoque un arrêt sur notre trajet. Un gendarme zélé et aidé d’un gendarme couché mobile remarque une fissure sur le parebrise avant. Bernard notre chauffeur négocie… et nous pouvons repartir pour la visite du plus grand baobab de la région. Agé de 850ans et doté d’une circonférence de 32m il est particulièrement imposant. Ce trésor de l’Afrique possède beaucoup de vertus. Le fruit très riche en calcium soulage les douleurs musculaires et articulaires dans différentes pathologies inflammatoires. Sa pulpe est utilisée pour confectionner une boisson qui sert d’anti diarrhéique (le rhume des fesses) et de tonique général. La poudre de feuilles est réputée en soins capillaires pour maitriser les frisottis, en cosmétique pour un masque pour le visage.
Avec les écorces on fabrique des cordes et la sève est utilisée pour fabriquer de la colle. Les travaux du botaniste français Michel Adanson pendant son voyage au Sénégal de 1749 à 1754 ont contribué largement à ces usages. Après l’avoir touché de la main gauche en faisant un vœu la visite du tronc est une expérience. Le tronc creux du baobab peut contenir 35 personnes. Dominique suivi de nombreux volontaires est le premier à y entrer. C’est une impression de grande cheminée avec une sensation légèrement oppressante. Après cette halte c’est le retour vers Saly en traversant une forêt classée, la seule du pays. Nous arrivons à 20h30 ( point de cocktail de bienvenue à cause de l’heure tardive) à l’hôtel avec juste le temps de prendre les chambres pour repartir à 21h pour la soirée brousse dont le départ était prévu au programme à 18h30. Mais avant de partir nous sommes invités à revêtir pour les dames un boubou dans les tons roses et une chemise pour les messieurs.
Après 20mn sénégalaises de trajet en pickup , 1h en réalité, nous arrivons au village à 22h où nous sommes accueillis au son du tamtam. La musique, les chants, la danse, la démonstration du simb (faux lion) et des luttes traditionnelles rythment la soirée et le dîner méchoui. Des vaillants lutteurs de notre groupe sont choisis pour se mesurer aux vaillants lutteurs du village. Thierry et Michel font un tour d’honneur d’encouragement mené par le marabout Philippe. Ils ont été tous les deux déclarés vainqueurs des combats. Flavien est invité à répéter les paroles d’une chanson au micro et il s’en sort très bien ! Après quelques danses la soirée se termine et nous reprenons le chemin de l’hôtel où nous rentrons à plus de minuit.

Jour 7 DAKAR-GORE mardi 9 avril

Pour notre dernier jour de visite nous partons pour un tour de ville panoramique de Dakar avant de prendre le bateau pour l’île de Gorée. La capitale s’est déplacée en 1905 de Saint Louis à Dakar après la création du port en eau profonde. Toutes les institutions y sont domiciliées ainsi que la base militaire. C’est une ville moderne, cosmopolite avec de nouveaux quartiers en construction. L’on peut penser que dans cette ville il existe une classe moyenne qui vit selon nos normes avec eau, électricité habitat fini à contrario d’une grande partie de la population qui nous semble être dans un état de survie seulement. Les deux mamelles de Dakar dominent avec un phare sur l’une et le monument de la renaissance africaine sur l’autre. Nous y faisons un arrêt mais nous n’avons hélas pas assez de temps pour le visiter. Ce monument impressionne par sa taille et la force qu’il dégage. Sur le plateau de Dakar la grande mosquée domine. Nous passons devant divers bâtiments, la base française militaire, la cour des comptes, l’hôtel des députés, l’ambassade du canada, le ministère des finances, de l’intérieur, le théâtre national, la cathédrale du souvenir africain, le palais présidentiel, l’hôpital principal, l’ambassade d’Allemagne, de Grande Bretagne, la résidence du 1 er ministre, l’institut Pasteur, l’ambassade de France et de Belgique. Le général de Gaulle prononça un discours sur la place Protêt en 1959 et nous continuons en direction de l’embarcadère en passant devant le ministère des affaires étrangères, la chambre de commerce de style colonial et devant l’hôtel de ville le monument des frères d’armes français et sénégalais. Durant cette visite aucun déchet et de plastique jonche le sol. Le bus nous dépose à proximité de l’embarcadère après le justificatif de nos passeports nous pouvons embarquer dans la chaloupe déjà surchargée pour la traversée de 20mn. A bord l’ambiance est colorée, musicale et épique. Nous sommes plus ou moins entassés à côté des marchandises diverses et les contacts se font avec ces dames qui vont ouvrir leurs magasins de souvenirs sur l’île. Elles ont des noms très évocateurs : mamie Nova, Coco Chanel, Lola, Vanessa Paradis…elles nous demandent nos prénoms et nous invitent à passer les voir durant notre séjour sur l’île. A l’arrivée nous sommes attendus sur la place Nelson Mandéla par Mustapha notre guide local qui va nous accompagner pendant quelques heures. C’est une île volcanique qui s’étend sur 25hectares, 900m de long sur 300m de large. Les maisons sont faites en pierres noires, du basalte et portent des couleurs différentes suivant la nationalité du propriétaire : jaune pour les Portugais, rouge pour les Hollandais et blanche pour les Français. La population est de 1800 habitants à l’année, 1200 musulmans et 600 chrétiens. L’île est tristement célèbre pour la traite des esclaves pendant 4 siècles de 1536 à 1848, 15 à 20 millions d’esclaves ont transité sur l’île dont 6 millions sont morts pendant les trajets. Après être passés devant le presbytère une ancienne maison d’esclaves nous arrivons devant la dernière maison encore debout qui est désormais un sanctuaire africain, un espace mémoriel. Sa capacité était de 150 à 200 esclaves répartis dans des cellules différentes : hommes, femmes, femmes enceintes, enfants, jeunes filles avec toilettes pour ne pas en sortir, et les inaptes temporaires faisant moins de 60kg. Ils étaient mis en attente et gavés jusqu’à ce qu’ils atteignent le poids. Les cellules mesurent 2,60m par 2,60m pour 20 esclaves, de 30 à 40 pour les enfants. Deux cachots étaient dédiés aux rebelles et une cellule avec un poteau sur lequel ils étaient attachés pour être fouettés. Ils partaient au bout du couloir par la porte « du voyage sans retour » avec une chaîne terminée par un boulet de 10kg. Les malades étaient jetés à l’eau. Les familles étaient dispersées, le père pouvait partir aux USA, la mère au Brésil et l’enfant aux Antilles. A l’étage où vivait le propriétaire et sa famille nous pouvons voir des panneaux explicatifs sur le commerce triangulaire. Cette espace face à la mer respire le calme et l’on se demande comment l’on pouvait vivre sereinement juste au-dessus de tant de misère et de souffrances. Cette maison est désormais un hommage sans fin aux victimes passées sur son sol. Après cette visite émouvante nous déambulons dans les petites rues coquettes, fleuries et nous passons devant la maison de Blaise Diagne, le premier député noir à l’Assemblée nationale. Puis c’est le lycée Mariama Ba qui occupe l’ancienne caserne de l’ armée française. Cette institution forme les meilleures élèves du Sénégal de la 6 ème à la terminale. Les enfants de l’ile eux prennent le bateau vers Dakar pour le cursus scolaire à partir de la 6 ème . Des charmantes petites rues agrémentées de bougainvillées nous mènent par une montée d’escalier vers le Castel pour aller voir le grand canon à deux tubes de 240mm de diamètre et 14km de portée, situé au sommet de la colline. Il est venu d’Angoulême et après 5 ans de montage de 1902 à 1907 il n’a servi qu’une seule fois. A ses côtés se trouve le mémorial de l’esclavage en forme de voile de bateau et un ancien fort militaire reconverti en habitation. Après une pause de démonstration de tableaux de sable et quelques achats nous redescendons par un escalier un peu difficile. Une petite halte sous le badianier. Sur cette petite esplanade se tient la mosquée sans minaret. La maison de Léopold Senghor est juste à coté . Les petites ruelles toujours fleuries nous mènent à l’église Saint Charles Borromée au centre de l’île. Le djembé fait office d’harmonium et un superbe bénitier orne l’entrée.
Il est pratiquement 15h et au menu du déjeuner nous dégustons de délicieuses gambas. Nous disposons d’un peu de temps avant de reprendre la chaloupe pour découvrir les petites boutiques du marché où nous attendent ces dames rencontrées ce matin sur le bateau. Elles ont une mémoire étonnante pour se rappeler de nos prénoms respectifs !!!Nous revenons à Dakar à 17h30 et une circulation intense nous attend. C’est la fin du ramadan et chacun rentre chez soi pour passer la fête de Koridé en famille. Les embouteillages sont monstrueux, les voitures chargées de bagages. Et sur le toit de l’une d’entre elles deux moutons roulent vers leur destin.
C’est un bazar indescriptible à chaque péage. Ils nous sont familiers car le constructeur de cette autoroute est la société Eiffage. De nombreux vendeurs de noix de cajou et gâteaux circulent parmi les voitures à l’arrêt. La dextérité de notre chauffeur Bernard est mise à rude épreuve pendant les 4h et demie que vont durer le trajet. L’hôtel s’inquiète plusieurs fois de notre arrivée et le personnel de restauration attend notre retour à 22h avec un très beau buffet de fruits de mer et des spécialités de poisson que nous apprécions grandement.

JOUR 8 LE DEPART mercredi 10 avril

Le départ pour l’aéroport est prévu à 9h30. Aussi nous avons le temps de découvrir le très beau site de l’hôtel que nous découvrons seulement avant de partir car nous y sommes toujours arrivés de nuit. Un délicieux petit déjeuner nous est servi. Les bagages sont prêts et nous regrettons de na pas avoir eu une journée pour apprécier l’hôtel et découvrir Saly.
Pendant le trajet Dominique confie à Bernard les fournitures scolaires apportées de France pour la visite d’une école que nous n’avons pas réalisé. Il lui confie également le reste de la cagnotte que nous avions prévu de dépenser en fournitures à charge pour lui de faire les achats et de les distribuer dans une école de son choix.
L’avion nous ramène vers Nantes la tête emplie d’images et de questionnements sur ce pays où nous avons vu la rudesse des conditions de vie, le manque de moyens, la pauvreté, la saleté omniprésente.