LE PHARE à l’Ile de Ré

du 15 au 22 juin 2024

Samedi 15 juin

Nous sommes arrivés sur l’ile de Ré en fin d’après-midi, l’ile aux volets verts, après la traversée du superbe pont long de 2km915. Après la remise des clés chacun s’installe. La réunion d’information débute à 18h. Le directeur et Marie notre accompagnatrice nous présente le centre et le programme de la semaine. En fin de repas Marie nous fait une présentation du costume traditionnel rétois : la coiffe « la kichenotte » dont le nom viendrait de l’anglais Kiss me not, les soldats anglais n’étant pas indifférents au charme des iliennes, le bonnet sous la coiffe de la semaine et celui du dimanche, la blouse blanche qui servait de blouse en journée et de chemise de nuit le soir, le châle noir, la jupe noire avec le pantalon de travail. Les hommes étaient vêtus d’un bleu de travail, d’une chemise blanche et d’une casquette bleue. Les sabots garnis de paille étaient surmontés de protèges jambes en cuir pour le travail du sel. Les tenues de cérémonie étaient de couleur noire pour les hommes et les femmes.  La soirée s’achève et nous passons notre première nuit sur l’ile.

Dimanche 16 juin

La journée débute par une promenade sur le littoral en direction du phare des baleines. Marie nous accompagne et nous découvrons la plage « La conche des baleines ». Deux blockhaus sont encore visibles sur les dunes. Cette plage a servi de décor pour le tournage du film « le jour le plus long » par ZANUK producteur et réalisateur. Il a fait réaliser le pas (plan d’accès incliné pour accéder à la plage) qui porte son nom. A marée basse nous voyons d’un côté l’estran rocheux et de l’autre côté le platin , l’estran sableux. Sur le chemin au loin se profile le phare des baleineaux construit sur la roche. Un arrêt à la pyramide des Chaumes, un amer formé d’un socle carré surmonté d’un obélisque datant du 19ème siècle. Après le chemin bordé de tamaris nous empruntons la digue. Marie nous fait remarquer une écluse à poissons « la moufette ». Sur les 140 écluses d’autrefois il n’en reste plus que 14 en activité. Des murs en pierres sèches forment un bassin en fer à cheval avec une ouverture sur la mer. A marée haute le bassin se remplit et à marée basse reste l’eau et les poissons. Les pêcheurs naviguent dans l’écluse et cueillent le poisson à l’aide du treillas (un filet à deux bras) ou d’un sabre d’écluse pour assommer le poisson. Ce dernier sert aussi à l’entretien pour enlever les algues. Le poisson pêché ne peut être vendu et doit avoir la queue coupée. Autrefois c’était le moyen de subsistance des iliens. Le chef d’écluse partageait le poisson entre les familles sur un rocher plat « le banc du partage ». Dans ces écluses on trouve des daurades royales (une pêche miraculeuse en 2008), du maquereau, des mulets, du bar, de la vieille et des seiches. Les huitres qui se développent sur les murs servent à   les stabiliser à la suite des intempéries et des tempêtes. Le chemin des douaniers nous mène au pied de la tour de la baleine, le premier phare construit par COLBERT sur les plans de VAUBAN. Il était alimenté dans un premier temps par du bois, ensuite de l’huile de baleine puis du charbon. Le bâtiment qui le jouxte a été une école de gardiens de phare.  Le phare des Baleines construit à partir de 1849 et allumé en 1854 a pris le relais. Il culmine à 59m39 pour une hauteur de feu à 57m10 ; Les courageux gravissent les 257 marches pour admirer le panorama à 360°. Et c’est la fin de la matinée, le retour par les petits chemins pour le déjeuner. L’après-midi une excursion est prévue vers le sud de l’île heureusement en car, la pluie s’étant invitée au programme. Nous quittons Saint Clément des Baleines une réunion de cinq hameaux : Le Chabot, La Tricherie, Le Grivela, Le Godinant et La Gilloise. Auparavant ils dépendaient de Ars en Ré. La construction d’une église en 1843 et un premier conseil municipal en 1874 a créé le village de Saint Clément des Baleines. Les habitants ont pour nom les villageois. Ils vivaient en autarcie avec les écluses à poissons et les 80 moulins à vent. L’arrivée de la minoterie signe la fin des moulins. Leurs ailes sont coupées afin de ne pas payer les taxes. En longeant la digue du Goutillon nous arrivons au village de La Couarde, première station balnéaire en 1920, fréquentée par Mistinguett et Maurice Chevalier. Les champs de pomme de terre et les vignes bordent la route qui nous mène à l’abbaye des Châteliers. Fondée au XIIème siècle par les moines cisterciens elle a écrit une partie de l’histoire économique de l’île avec la vigne et le sel. Plusieurs fois détruite les moines la reconstruisirent 3 fois. En 1574 les bâtiments ne furent plus relevés et servit de carrière pour la construction du fort de la Prée. Sous une pluie battante quelques courageux font le tour des ruines imposantes. Des pins parasol bordent la route et nous arrivons au village de Rivedoux et son importante activité ostréicole. Nous avons une vue magnifique de la courbe du pont construit en 1988. Sur les falaises de l’île autrefois on faisait tanguer l’âne : de nuit au cou de celui-ci se balançait une lampe afin de donner de fausses indications aux bateaux. Ils venaient s’échouer sur la côte rocheuse et au matin les habitants venaient récupérer les marchandises. Les cultures de phacélies alternent avec les cultures de pomme de terre et nous faisons un arrêt toujours sous la pluie au moulin de Bel Air le seul moulin ayant encore ses ailes sur l’île. Au village de Bois Plage nous attend la passerelle des Gollandières. La météo étant un peu plus clémente nous empruntons une petite rue bordée d’arbres. Depuis l’année 2019 chaque arbre commémore avec une petite plaque la naissance d’un petit ou petite boitais et boitaise avec son prénom et sa date de naissance. Après la vue de cette magnifique plage de 7km avant de reprendre le car nous allons voir l’ancre du Christine Rueda un bateau qui fit naufrage en 1925. Et nous repartons par une maire (un chemin qui relayait les vignes) vers la Couarde.  La végétation sur l’île se composent de pins parasol, de figuiers, d’amandiers, de cerisiers. Dans l’impossibilité pour le car d’accéder au kiosque à musique et à l’imposant monument au mort Marie fait un arrêt à la digue du Boutillon afin de nous montrer le dispositif d’évacuation de l’eau mis en place après la tempête XINTHIA qui a fait beaucoup de dégâts lors de son passage. Le chemin de cette après-midi de visite passe par le Martray, le passage le plus étroit de l’île et la forêt de la Combe à l’eau. Elle est réputée pour être la demeure des Foix , équivalant des korrigans. Ils murmurent des choses à l’oreille des rétois et rétoises. Après avoir énervé tout le monde ils s’en vont et ont la réputation de venir chatouiller les pieds pendant la nuit de ceux et celles qui ont dit des menteries dans la journée. C’est le retour au centre où nous faisons sécher nos vêtements mouillés par cette après-midis pluvieuse. Un diaporama sur l’île le soir complète les informations de la journée de Marie.

Lundi 17

C’est la journée d’excursion sur l’île d’AIX « l’île où le temps s’arrête »

Nous regagnons le continent par le pont et contournons La Rochelle qui est réputée pour être une ville expérimentale sur des projets de déplacement : les vélib’, location de voitures et scooters. Michel CREPAUD en tant que maire souhaitait que ce soit la ville où il fait bon vivre. Nous traversons Fouras et ses jolies maisons aux noms évocateurs : Sanouva, plein sud, la famille, plaisir d’été pour arriver à l’embarcadère pour l’île d’AIX à la pointe de La Fumée.  Nous embarquons sur le Pierre LOTI et après 20mn nous voici à destination. Marie nous regroupe sur le quai en brandissant comme signe de ralliement son âne « sourire de ré ». Les calèches nous attendent sur la place d’Austerlitz pour 2h de découverte de l’île. Fred notre cocher nous présente l’attelage Usine et Bella, des percherons.   Nous partons tranquillement en longeant la côte ouest. L’île a été militarisée en 1666 lors de la création de l’arsenal à Rochefort par Louis XIV. Le fort a été construit de 1680 à 1690 par Vauban. En 1757 les Anglais prennent l’île et détruisent le fort qui sera reconstruit en bois en 1780. Cette construction n’ayant pas duré dans le temps il est reconstruit par le marquis de MONTALEMBERT. En 1808 Napoléon y envoie 4000 hommes en garnison. Il y reviendra en 1815 et est fait prisonnier par les Anglais. Il y resta 3 jours avant de partir à Sainte Hélène. Pendant ces explications, nous passons devant la petite église édifiée par les moines de Cluny, le passage des doubles douves et nous longeons le littoral, avec les ostréiculteurs, l’anse de Saillan sur l’estuaire de la Charente. Des faisans et des canards de tadorne sont présents et de la salicorne pousse sur l’étendue des Mathes. D’anciens ouvrages militaires, des batteries, sont encore visibles sur le littoral.  Nous empruntons la route 66 pour passer de l’ouest à l’est en 10mn avec une vue sur l’île d’Oléron et Fort Boyard construit de 1800 à 1860. Avec l’évolution de la portée des armes le fort n’a jamais été utilisé. Après avoir été une prison de 1870 à 1913 il fut abandonné. Il est utilisé maintenant pour le tournage de films et émissions de télévision. En passant devant le cimetière Fred nous signale la reproduction du tombeau de Napoléon. La végétation du nord de l’île se compose de tamaris, laurier sauce, chêne vert, roncier et arbousier. 225 espèces d’oiseaux nichent sur l’île et un hibou petit duc y a été aperçu. Des petites maisons avec parfois un nom évocateur du propriétaire « l’AIX HOME IL » se succèdent. Le fort Liédot a été une prison célèbre pour avoir abrité des personnalités. Après l’abandon de l’île par les militaires en 1927 l’arrivée du baron Gourgaud a donné un nouvel essor à l’île par le tourisme et l’ouverture du musée Napoléon, du musée africain et du musée de la Nacre, le dernier nacrier en France. La calèche nous dépose devant le restaurant et après un délicieux déjeuner nous repartons à pied vers le port et Marie propose un temps libre et le visite des douves. Nous reprenons le bateau à 16h15 et revenons au village vacances par le front de mer. Après cette belle journée ensoleillée le soir Marie nous invite à son show où elle interprète des chansons de Serge Lama, Jo Dassin, Régine, Jean Gabin et des sketches de Raymond Devos et Charlot.

Mardi 18

Au programme du matin une randonnée de 9,500 km. Nous logeons le bord de mer vers le village de la Gilloise. De belles roses trémières poussent le long du chemin et en bordure des maisons. Les lumas (les escargots) se promènent imprudemment sur la route. Un panneau nous interpelle : le peux qui indique un chemin qui monte.  Nous continuons vers le village de Chabot où nous faisons une pause de 10mn qui nous permet de visiter l’église qui possède un beau retable peint, un chemin de croix particulier et des vitraux modernes. Quelques maisons ont de bien jolies girouettes. Après cette halte nous traversons la forêt de Combe à l’eau, le domaine des Foix, et c’est le retour vers le phare des baleines. Le ciel s’obscurcit et le phare envahit par la brume n’est plus visible. Aussi nous décidons de ne pas remonter les 257 marches car la vue est complètement bouchée. Arrivés au centre pour le déjeuner nous retrouvons le reste du groupe qui a profité de son temps libre pour se reposer, marcher aux alentours tranquillement ou visiter les villages d’à côté en voiture. Après le déjeuner nous partons pour une marche nature de 5km. Un petit chemin bordé de Maceron, le poivre des marais et du Sénevé la moutarde sauvage borde des plans d’eau, des anciens bassins de marais salant à l’abandon. Des oiseaux, des foulques, des tadornes, et des cygnes sont observés par un milan noir. Des chevaux viennent à nous escortés de hérons garde de bœuf. Au milieu du chemin poussent des cardes sauvages surnommés le cabaret aux oiseaux car ils viennent boire l’eau retenue au creux des feuilles. Plus loin des échasses protégeant leurs nids mettent en fuite les goélands, les cormorans et les sternes. Un héron cendré se promène à proximité d’une étendue de salicornes. Sur le bord du chemin pousse de l’obione et de la soude. Et tout à coup après quelques coups de tonnerre annonciateurs le ciel s’obscurcie et la pluie s’invite au programme. Des arbres nous protègent un peu de l’averse en espérant qu’elle ne dure pas trop longtemps. L’intensité diminuant la décision est prise de rentrer et bien sûr elle s’arrête très rapidement après le retour où il ne nous reste plus qu’à nous sécher. Après le dîner nous sommes invités à partager une soirée festive. Un spectacle vivant fait participer le public pour résoudre le meurtre de la soirée. Les acteurs sont choisis parmi le public et ils choisissent parmi les différentes propositions la personne qui va passer de vie à trépas ainsi que l’arme du crime. Les notables et commerçants de la ville sont définis et dans notre groupe André Fortier est le maire du village, Daniel Héricher l’instituteur avec Marie-Hélène Henry pour épouse, André Noël le curé, Jean-Claude Carrer le pharmacien, Marcelle Lescop l’étrangère et Marcel Bottier le baron. La troupe complétée parmi les personnes des autres groupes le suspense démarre pour savoir qui a poignardé le poissonnier. L’inspecteur personnes de police dépêchée sur place avec l’aide du gendarme va mener l’enquête et interroger tout le monde. L’affaire rebondit au fur et à mesure des interrogations et réponses des uns et des autres. Finalement la veuve du poissonnier sera déclarée coupable. Condamnée à mort elle sera graciée par monsieur le maire. Après environ 1h30 de fous rires avec les réponses des uns et des autres le spectacle se termine.

 Mercredi 19 juin

La visite du nord de l’île est au programme du matin. Ars en Ré nous attend. Ses habitants se nomment les arsais et arsaises ou encore en patois local les casserons et casseronnes. Certains sont très connus car ils viennent régulièrement dans leurs propriétés de vacances, Lionel Jospin, Vanessa Paradis. Un joli moulin sans ailes avec son toit de châtaigner et la rue « mouille barbe » nous interpelle. L’église fortifiée avec son clocher carré blanc surmonté de sa flèche noire de style gothique flamboyant sert d’amer. Le ciel étant menaçant nous nous réfugions à l’intérieur. Bien nous en a pris car nous y restons le temps de l’orage et attendons une éclaircie pour sortir. Nous en profitons pour y découvrir une tapisserie, une maquette de l’église datant de 1889, une autre réalisée en galets et bien sûr la statue du curé. La pluie se calmant nous revenons vers le port. Une maison surmontée d’un clocher rappelle l’emplacement du couvent des sœurs de la sagesse. La petite gare rappelle le passage du train qui a fonctionné jusqu’en 1936. Il avait la réputation d’être toujours en retard car les arrêts étaient très fréquents pour tous motifs. Les anciennes voies sont devenues les pistes cyclables actuelles. Un dernier coup d’œil sur un bateau style jonque et nous reprenons le bus pour aller vers Loix. Sur la route le ramassage des pommes de terre se fait sur un sol bien détrempé. Loix est le dernier village à être rattaché à l’île par la main de l’homme au moyen d’un petit pont « Le Fenais » franchi allégrement. Ses habitants sont les loidais et loidaises. Sur le bord de la route une oliveraie permet une petite production d’huile d’olives. La météo étant incertaine le choix est fait d’aller vers un village artisanal où nous aurons la possibilité d’être abrités en cas de pluie. Chacun va à la découverte des différentes boutiques, librairie, savonnerie, miellerie, décoration. Le ciel étant clément nous partons pour le point extrême de l’île « La Patache » au village des Portes. Ses habitants sont les portagalais et portagalaises. Nous traversons le bois de « Trousse Chemise » immortalisé par Charles Aznavour. Marie nous fait le plaisir de nous la chanter. Au hameau de la rivière, un village d’artiste une maison basse de couleur rose avec des volets rouges ne peut que se voir parmi les habitations traditionnelles. Elle a appartenu à Suzy Solidor. Les propriétaires actuels ont respecté son agencement. La petite chapelle de La Redoute construite sur l’ancienne poudrière du fort est surmontée d’une vierge en pierre. Nous arrivons à La Patache qui était le surnom des bateaux douaniers fréquents à cet endroit. Nous avons une jolie vue du littoral et du bois de Trousse chemise qui maintenant est juste au bord de l’eau, la dune ayant disparue par manque de protection. Marie nous donne plusieurs explications sur le nom de Trousse chemise : un petit vent coquin qui trousse la chemise, un coin pour les amoureux, les rétaises qui montraient leurs fesses aux anglais, le gardien du phare y troussait ses conquêtes, un fort coefficient de marée obligeait à trousser la chemise pour traverser l’anse. Des galets troués attirent notre attention. C’est un mollusque le pholade qui se nourrit de calcaire qui fait ses trous et arrive à les percer complètement. Ce sont des petits galets porte bonheur que l’on peut porter. Après cette recherche de jolis petits galets percés nous quittons les deux plus petits villages de l’île Loix et Les Portes pour le déjeuner.

 L’après-midi nous mettons le cap sur la capitale de l’île, St MARTIN de Ré, ses remparts, son port, sa citadelle, son clocher observatoire. C’est le lieu le plus chargé en histoire et le plus éloquent au regard du passé.   Nous passons par la porte royale donnant accès à la citadelle. Fortifiée par Vauban elle est entourée d’un double rempart de 7km espacé d’un grand fossé. Pour une illusion d’optique et tromper l’ennemi sur la hauteur des remparts Vauban a fait courir un cordon de pierre afin de les visualiser sur une hauteur d’1m. On rentre dans la ville par la porte des compagnies ou par la porte Toiras. Nous arrivons sur la place de la liberté devant la prison qui fait parties des 7 centrales de France. Elle emploie directement 250 personnes.  Une maison  « l’Embellie » accueille les familles pour les visites. Sur la porte royale on y devine l’effigie de Louis XIV. Marie nous fait un retour en arrière sur l’histoire.  En 1626 Louis XIII et Richelieu anticipe le siège de La Rochelle par les Anglais et reconstruise la citadelle. Le duc de Buckingham mène la bataille en juillet 1627 avec 8 000 hommes contre 1 500 français. Les Français battent en retraite et s’enferment dans la citadelle avec la population civile. Le siège autour de la citadelle par la marine anglaise dure plusieurs semaines. La situation est difficile à l’intérieur. Le maréchal Toiras envoya un message de secours à Louis XIV : si les secours n’arrivent pas il capitulera le 8 novembre.  Trois jeunes soldats partirent de nuit à la nage, 12km,  pour rejoindre le continent pour porter le message. Un seul y parvint.  Malgré le blocus les Français réussissent à faire passer en octobre des navires de ravitaillement et des renforts.  Les Anglais tentent une dernière attaque mais la forteresse s’avère imprenable. Il leur est impossible d’escalader les murailles des fortifications.  Ils prennent la fuite vers l’île de Loix et avec la marée montante 3 500 hommes périssent noyés. Ils sont repoussés. La citadelle est abandonnée.   Louis XIV sollicite Vauban pour refaire les fortifications. Elle fut reconstruite en 40 jours et il fait ceinturer l’île d’ un double rempart de 7km séparé par des douves, une magnifique étoile de fortifications. 12 ans furent nécessaires pour achever l’ouvrage avec une profondeur de 12m côté mer. Pendant la révolution 1 023 prêtres y sont enfermés. En 1871 elle devient une prison.  Puis de 1873 à 1938 c’est le point de départ (deux à trois par an) des bagnards pour CAYENNE sur les bateaux prisons. Près de 50 000 condamnés y ont été transférés pour les travaux forcés en Guyane dont les plus célèbres : Papillon, Dreyfus, Seznec et Dieudonné. Le dernier d’entre eux fût libéré en 1955. De nos jours c’est le cas unique d’une prison située en plein cœur d’un site touristique renommé et dont une partie des infrastructures sont classées au patrimoine mondial par l’UNESCO. Après cette parenthèse historique nous nous rendons vers le port en empruntant le dernier trajet des bagnards avant leur départ jusqu’à l’embarcadère du port principal creusé par Vauban.  Les quais sont pavés de pierre de lest ramenées par les bateaux. Les rues piétonnes et animées, les maisons typiques d’armateurs avec les “gloriettes”, le musée COGNACQ Ernest à l’hôtel de Clerjotte s’offrent à nous sous un joli soleil. Marie nous propose un temps libre pour flâner, déguster une glace ou monter à l’église et à son clocher observatoire. Un escalier très étroit (à circulation alternée !) mène au sommet pour admirer un panorama complet de l’île. C’est le retour au centre et un loto anime la soirée pour le plus grand bonheur des gagnants de mugs, panier garni et bien sûr du pineau.

Jeudi 20 juin

Au programme une conférence diaporama par la ligue de protection des oiseaux sur l’exploration de la biodiversité et sa conservation basée à la maison du Fiers dans un ancien hangar à sel dans la réserve naturelle de Lilleau des neiges. La zone protégée crée en 1980 dans les marais et vasières s’étend sur 235 hectares : 1982 le balisage terrestre de la zone, 1983 le balisage maritime, 1993 le premier plan de gestion, 2003 inscription à la convention de Ramsar pour une reconnaissance internationale. Ses missions sont de gérer, protéger et sensibiliser. L’île de Ré est un carrefour migratoire : 310 espèces d’oiseaux y ont été observées venant du Canada, de Scandinavie et de la mer Baltique. Des tournepierres à collier bagués au Canada, des bernaches cravants baguées en Sibérie et des sternes caugek baguées en Afrique du Sud y ont fait escale. Au printemps et en été ce sont les oiseaux nicheurs : échasse blanche, avocette élégante, aigrette garzette, autrefois décimée pour ses plumes dans la fabrication des chapeaux, le milan noir, la buse variable, le busard des roseaux, la gorge bleue à miroir de Nantes, la bergeronnette printanière et la huppe fasciée. En automne et en hiver ce sont les hivernants : le tournepierre à collier, le bécasseau sanderling et violet, le chevalier gambette, la spatule blanche, la bernache cravant, le tadorne de belon qui niche ses œufs dans les terriers de lapin en bonne cohabitation, le phalarope à bec étroit et l’hirondelle rousseline. Le baguage des oiseaux permet un suivi très fin de leurs trajets, pour l’exemple : la barge à queue noire peut parcourir 6000km d’une traite.  Il est adapté à chaque espèce. Il se compose de 2 bagues en métal dont l’une plus grande portant des chiffres et des lettres pouvant être lues à la jumelle. Les bagues posées à l’île de Ré commence par la lettre R. Quatre types de goélands sont visibles sur l’île : le goéland marin, le goéland brun, le goéland argenté et le goéland leucophée. Nul doute que nous saurons désormais les reconnaitre ! Après cette passionnante matinée dans le monde des oiseaux les marcheurs prennent le bus pour prendre le départ de la randonnée de l’après-midi : départ au pied du pont de l’île pour rejoindre Saint Martin. La marée basse nous permet de traverser la plage de Rivedoux. Un joli soleil va nous accompagner toute l’après-midi le long du littoral. Après un arrêt à La Flotte, au fort de La Prée et à l’abbaye des Châteliers nous voici en vue des fortifications de Saint Martin où le bus nous attend pour un retour au centre après 12km de marche. Mais les avis divergent suivant les montres, téléphones et autres applications entre 12 et 15km !

Une soirée contes, légendes et expressions locales nous attend après le dîner.

Vendredi 21

 Nous partons pour Bois Plage, le plus village de l’île pour Marie qui y vit, à la découverte du marché pour le plaisir des yeux et des papilles. Un tout autre plaisir à suivre nous attend avec la découverte des vignerons de l’île. Nous sommes accueillis par Isabelle pour la visite de la coopérative et dès l’entrée du chaix nous sentons des vapeurs enivrantes. La culture de la vigne a été initiée par les moines cisterciens de l’abbaye des Châteliers au XIIème siècle. Les échanges maritimes se faisait avec le port de La Rochelle. Au XIXème siècle une épidémie de phylloxéra ravagea la région mais l’île n’étant pas touché le commerce était florissant. En 1890 les vignes de l’île en furent atteintes. La culture de la pomme de terre relança l’activité économique. Au début du XXème siècle les deux guerres, une crise économique, la population vieillissante et plus féminine après les deux conflits amena la nécessité de se regrouper.  La création de la coopérative se fait en 1950 et en 1951 c’est la première récolte. Quarante viticulteurs sont adhérents et propriétaires pour une superficie de 500hectares. La moitié est planté en blanc pour le cognac et l’autre moitié est diversifiée. Une année de distillation est nécessaire pour le cognac qui dispose d’une appellation pour la Charente et la Charente maritime. Sur l’île de Ré la production se fait de A à Z et il est proposé 6 crus. Le processus commence par la distillation : le vin est chauffé, les vapeurs passent par le chapiteau et le col de cygne et il est réfrigéré. La condensation des vapeurs d’alcool passe de l’état gazeux à l’état liquide. Cela donne le brouillis qui est distillé une deuxième fois pendant 24h. Il vieillit pendant 2 ans minimum en fût de chêne avec une température contrôlée dans le chai car l’évaporation « la part des anges » est importante. Il faut 12kg de raisin uni blanc pour faire 1l d’eau de vie. Le cognac de l’île de Ré est un assemblage de différentes années élaboré par des œnologues pour avoir toujours la même qualité. Il doit titrer 40% d’alcool minimum pour la commercialisation : le VS 2 ans de vieillissement, le VSOP 4 ans et le XO 15 ans. 98% de la production part à l’étranger, principalement en Asie pour les plus vieux lors de la signature de contrats, et aux USA et Canada pour les plus jeunes. Les fûts de vieillissement en chêne français ont une durée de vie de 40 à 50 ans et les cuvées les plus anciennes ont plus de 60 ans. Elles sont transférées après les fûts en Dame Jeanne. Cette production est derrière des grilles dans le « chai paradis ». Après le cognac nous passons au chai de vieillissement du Pineau. C’est un assemblage de ¾ de moût de raisin et ¼ d’eau de vie de cognac jeune. La base du pineau blanc est du raisin uni blanc et le rouge et rosé se fait avec du merlot. Il est stocké en grosses barriques appelées « foudre » qui peuvent contenir de 120 à 400 hectolitres. Le blanc vieillit 3ans pour 2 ans pour le rouge. Après toutes ses explications baignées dans des vapeurs d’alcool nous sommes prêts pour une dégustation en terrasse avec le soleil.  Un passage en boutique pour quelques achats et nous sommes de retour au centre pour une après-midi libre. Des propositions de jeu de carte avec Loulou et ‘le gai savoir » par Hélène et Anne-Marie sont lancées. Certains se reposent, se promènent sur le littoral tout proche ou partent visiter un petit coin de l’île. A 18h30 nous nous retrouvons pour un apéritif afin de clôturer cette belle semaine et souhaiter un joyeux anniversaire à Annick, Jeanine et Thérèse.

Samedi 22

Après le petit déjeuner c’est le retour après cette belle semaine. Nous retrouvons le continent après avoir été insulaires pendant ces quelques jours, de beaux souvenirs en tête.